Vaste concertation sur la ressource en eau dans la vallée du Tech
À l’initiative des structures de bassins versants des PO, une série de 6 ateliers de concertation vient de se conclure en réunissant plus de 300 représentants de tous les usages de l’eau. Après le Sègre, le Réart, la Têt aval, la Têt amont et l’Agly ces dernières semaines c’était au tour du bassin versant du Tech de réfléchir à des solutions pour l’avenir le 13 mars. Réunis au Boulou, élus, agriculteurs, gestionnaires de canaux, associations environnementales, pêcheurs, professionnels du bâtiment, acteurs du tourisme, des travaux publics, industriels, scientifiques,… issus de la vallée ont pu partager leurs problématiques et surtout leurs idées pour l’adaptation du territoire face au changement climatique. « Cette volonté de sortir des espaces de représentation classique, d’avoir une telle diversité d’acteurs nous pousse à nous connaître et confronter nos idées autour de tables rondes locales plutôt que de rester entre élus et partenaires institutionnels » souligne Alexandre PUIGNAU, Président du Syndicat du Tech. « Avec le projet Eau’rizon 2070 nous avons souhaité changer de méthode avec un groupement inédit de tous les syndicats de bassins versants, et une concertation par vallée pour faire émerger des solutions du terrain car c’est de là qu’elles doivent venir pour être adaptées, pragmatiques et partagées. Nous souhaitons une prise de conscience collective car certains acteurs issus de toutes catégories professionnelles ou du collège des élus sont encore dans le déni par rapport à la réalité de la situation. »
Pour le Tech, par exemple, les prélèvements sur la ressource sont passés de 70 millions de m3 prélevés en 2013 à 47 millions en 2021 (soit -34%) tous usages confondus. « Mais ces efforts consentis, notamment par le Plan de gestion de la ressource en eau engagé depuis 2013, pour résorber le déficit devenu chronique sur nos ressources ne sont pas suffisants et nos territoires ne sont pas suffisamment armés pour faire face à la sécheresse actuelle et aux évolutions annoncées ».
C’est pourquoi, après une présentation plénière de l’état de la ressource en eau et des projections climatiques sur la période 2041-2070 (période de référence utilisée par les scientifiques), les participants ont pu plancher sur des solutions concrètes sans aucun tabou. Au cours des 6 ateliers, pas moins de 1700 contributions ont ainsi pu être collectées et seront triées puis analysées pour savoir où et comment investir selon le meilleur coût/bénéfice à court, moyen et long terme. Parmi les propositions avancées au Boulou, ont émergé, la sobriété de tous les usages, retenir l’eau dans les sols, revoir le prix de l’eau, sensibiliser les plus jeunes et les touristes, adapter les pratiques agricoles, trouver des financements… « Toutes les solutions doivent être mises sur la table quitte à soulever des questions de fond qui peuvent générer des débats difficiles : démographie, changements profonds de pratiques, nouvelles ressources, délocalisation d’activités,… ».
Pour la suite, le menu reste copieusement garni, avec les analyses de l’impact du changement climatique sur les ressources en eau qui vont se poursuivre, les bonnes pratiques et retours d’expériences de pays plus au Sud notamment qui seront également abordés, plusieurs cycles d’ateliers de concertation seront organisés en 2024 et début 2025. M. Puignau conclut « Les structures de bassins proposent une méthode de travail différente pour essayer de faire avancer les choses et cela fonctionne quand on voit tout l’intérêt porté par les acteurs du territoire, qui tout en ayant parfois des visions différentes viennent apporter leur pierre à l’édifice. Je suis certain que ce partage des visions de chacun nous fera grandir et nous enrichira mutuellement pour répondre au mieux aux défis qui nous attendent sur la ressource en eau, l’objectif de cette série de rencontres est atteint avec la volonté de partager avec le plus d’acteurs du territoire une base de données consolidée et actualisée sur la ressource en eau, pour définir une trajectoire commune, avec humilité et courage, je reste persuadé que cette co-construction permettra d’optimiser la gestion de la ressource avec une nécessaire adaptation des pratiques et des usages au changement climatique».
Ce projet bénéficie du soutien financier de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et de la Région Occitanie